vendredi 27 août 2010

électricité dans les airs...

tout est lourd et j'attends que l'orage se déclenche, en écoutant une chanson nerveuse d'Arcade fire "we used to wait".
mais si le corps est alangui, l'électricité dans l'air aiguille le cerveau. Cependant tout reste infusé dans ma tête sans prendre une forme précise.
trente ans
j'y pense et puis j'oublie. j'y pense peut-être trop et ça m'a mangé tout un été d'avoir ce poids sans raison qui occupe tout l'esprit. J'ai perdu cette légèreté à force de me convaincre qu'il était désormais temps de la perdre
mais cela revient, tout reflue comme la marée, les idées, linspiration, l'envie d'apprendre des choses nouvelles, de voir des futurs conseillers fédéraux évoquer l'industrie des machines, de scruter une conseillère fédérale cligner des yeux, puis d'ébauche la biographie d'eugène haltiner.
comme quoi, on est parfois plus efficace dans des sujets auxquels on ne connaît rien.
je m'infuse, je diffuse, je suis une idée voleteuse, fureteuse et sans peur.
j'attends pour la pluie pour redevenir logique. l'ai-je été un jour?

jeudi 12 août 2010

gary shteyngart alors que la russie brûle

Ai enfin le livre que je trimbalais dans mon sac pour mieux supporter le train et les pauses de midi sur mon banc bernois envahi de fourmis. Je sais désormais pourquoi j'ai pris tellement de temps à feuilleter ce livre, au titre si nul (Russian Debutante handbook), mais au contenu si génial.
Encore une fois je ne peux que me satisfaire de cette vision anglo-saxonne de la littérature, la mieux à même de rendre compte d'une atmosphère, et au souci apportée à l'histoire plutôt qu'à la musicalité. Finalement la chanson et la littérature français ont ceci en commun d'être complètement intellectualisée et de laisser de côté le sel de l'histoire ou de la mélodie pour des constructions charmantes... et conceptuelles. (ce n'est pas une critique, j'adore les deux... enfin quand ça ne tombe pas dans la variété).

Bref, ce livre m'a transporté à Prava, ville décalquée sur Prague, et sur tout cette atmosphère des expatriés occidentaux cherchant un sens à leur vie dans les décombres de l'empire soviétique. J'y ai trouvé un miroir déformant de mes propres aspirations en Russie, vivre plus libre loin de l'ennui helvétique. Et pourtant j'en étais consciente. et je savais, comme dans la chanson de pulp "common people" qu'à tout moment je pouvais partir et rejoindre le confort des salles de bain suisses et de la Migros.

C'est ce que j'aime chez les Russes, leur lucidité à se savoir observer comme dans un zoo par les expatriés occidentaux, qui jamais ne s'avouent leur basse motivation exotique.
Dans ce livre, le héros, un juif russe émigré depuis quinze ans aux USA, se retrouve à Prava et y rencontre une Américaine qui s'entiche de loin. A un moment donné, il s'aperçoit que l'ex de la Yankee est un pauvre Européen de l'ESt, engoncé dans un costume ridicule et avec une coupe de cheveux. Et il se rend compte qu'il n'en est pas si éloigné, sauf qu'il possède un passeport américain, et qu'il est d'un exotisme supportable pour l'Américaine.

Bref, le feu embrase toutes les Russies, j'y pense chaque nuit, espérant qu'il y pleuve, et je sais que je n'ai aucune prétention à me sentir proche des Russes, et je sais que j'oublie même le mot "agon" et que je n'ai jamais su comment on disait incendie.
Je me rappelle néanmoins de la paralysie générale du pays, engoncée dans la corruption et un immobilisme des services publics, hérité du soviétisme.