mercredi 19 janvier 2011

En lisant Exil de Saint-John Perse



Tant de bouillonnement en moi, qui ne franchit qu’à peine mes lèvres pincées, tel un bec de calamar, qui ne fuse que de façon hâchée de mes doigts


Alors que j’aimerais pouvoir marcher sur une grève, sentir les flux marins se lever au bon vouloir de la lune qui là-haut danse dans le ciel


J’aimerais pouvoir avoir un tel pouvoir sur mon flot intérieur : parfois la digue se perfore et à nouveau je ressens quelque chose, j’arrive à toucher du doigt ce que je veux exprimer, et mon être littéraire s’humecte à nouveau, se baigne dans la magie du monde.


Cette atmosphère qui devrait m’imprégner toute entière, comme une « golden haze », un brouillard doré de bon souvenir (oh les griffons énigmatiques près du canal griboieva), n’existe plus qu’à peine. On dirait qu’elle suit le réchauffement climatique et s'est à jamais desséchée


J’aimerais pouvoir déverser mes mots dans un long flot ininterrompu – peut-être « à jamais inintelligible » - un long écoulement de l’âme comme lorsque j’arrivais à changer sans heurt, que ma poitrine n’était pas cette cage en fer qui m’oppresse.


Oh souffle, pourquoi m’as-tu quitté ? je vis dans un réel, une vie inélégante d’adulte, où les problèmes terre-à-terre que j’ai si longtemps écarté d’une moue dédaigneuse (bénéfices, bruttoertrag et tutti quanti) peuplent mes journées.


(chant III:


"et toujours il y eut cette grandeur, et toujours il y eut cette candeur,

cette haute transe

et sur toute grève de ce monde, du même souffle proféré,

une vague proférant une même et longue phrase, sans césure,

à jamais inintelligible"


désolé je cite de mémoire, il me semble que j'oublie des mots, je vous conseille le poème)