dimanche 16 novembre 2014

Gym Club de Massimo Furlan: comment se rincer l'oeil tout en réfléchissant au rapport au corps

Voilà si j'avais deux neurones je vous dirais de courir voir Gym Club de Massimo Furlan pour ces raisons: on y rigole très fort en y voyant des énergumènes s'échiner sur des exercices ridiculisants et ridicules et à la fin, on est récompensé de nos peines de spectatrice esseulée par la vision de corps masculins en démonstration devant nous en slip, luisant de sueur, diverses anatomies pouvant plaire à chacune.
En gros, une manière culturelle de se rincer l’œil.

et je ne vais pas cracher sur cette analyste, car cette dimension rocambolesque et de monstration participe complètement au spectacle.

Mais à bien y regarder, il y a plus. Cette pantomime ne prête pas qu'à rire, et d'ailleurs le rire jaune n'est jamais loin.
Subtilement, tout est biaisé. Et cela commence dès le début. On y voit un prof de gym en délicieuses cuissettes seventies ainsi qu'une virago tendance est-allemande pourvue néanmoins d'un corps de sylphide arpenter la salle de gym.
Le spectateur est déjà mis dans l'ambiance: assis sur un banc de gym, il replonge avec délice - ou effroi - dans les affres du cours de gym. Sera-t-il- encore une fois le dernier choisir pour intégrer l'équipe de basket?

 La prof de gym blonde ajuste son chignon, lance un regard sévère à travers la salle, Elle tend le doigt, impérieuse. Et soudain, les spectateurs s'élancent sur scène. Parmi le lot, figure mon voisin. Le temps d'un instant, je crois que c'est vraiment des spectateurs et j'attends le moment où ils vont se rasseoir à leur place, le moment où entreront en scène les véritables acteurs. Mais ce ne sera jamais le cas.

Les acteurs se cachaient dans le public, waiting in disguise the moment. Le moment d'entrer en scène. Mais le soupçon reste vivace : peut-être ce ne sont que des spectateurs. Et cette indécision prend une tournure tragique, quand la seule femme (une vieille dame aux cheveux blancs dotée pourtant d'agilité et de souplesse, on apprendra plus tard que c'est une ancienne chorégraphe) tombe, victime d'un malaise, après un exercice trop soutenu. Elle est rapidement évacuée, sur un tapis de gym bleu, vers les coulisses (le local des accessoires de gym). Et le doute s'inscrit en soi, lancinant: et si ce n'étais pas un malaise simulé, mais bel et bien un accident? le désarroi des autres acteurs plaide en ce sens. Mais déjà on est ailleurs, contemplant d'autres exercices physiques, puis le défilé des hommes suitants en sous-vêtements.

A la fin, le côté acide du rapport au corps, la course vers la perfection, tombe dans le surréaliste. Une danse de deux êtres surdimensionnés, trop musclés pour être romantiques, et pourtant touchants. Quelle place donner au corps dans notre société? Certes, nous sommes tous ridicules quand nous nous adonnons à ces exercices destinés à développer nos muscles. Et pourtant nous tendons tous à une certaine idée de perfection, la fermeté de muscles bien développés et la minceur. Que reste-t-il à côté? Ne sommes-nous que des corps en souffrance? et certes nous les spectateurs, nous rions d'un coeur franc, moqueur, au spectacle des exercices ridicules auxquels s'adonnent les apprentis bodybuilders. Mais ce rire se tinte de jaune au fil de la pièce. Que reste-t-il en dehors de nos corps? Ne sommes-nous qu'un amas de muscle? quelle valeur donnons-nous à l'effort et à la sueur? Le mérite de Massimo Furlan est de nous faire réfléchir à notre propre rapport au corps, et ce par le biais d'une fable amusante, dont les ressorts grinçants nous font mal à la mâchoire à force de rire, rire d'un air gêné, car c'est de nous-même finalement que nous nous moquons.


spectacle vu au festival de la Cité à Lausanne, dans la salle de gym du gymnase de la cité.

samedi 15 novembre 2014

Feintise ludique

On va faire comme si.
On va dire qu'on sera des aventuriers. Tu vois, moi, je serai la princesse indienne, en fait non, je suis pas vraiment indienne, j'ai été kidnappée dans ma famille à la naissance, et je vis dans la tribu, tu vois. C'est des Lakotas, hein c'est joli comme nom tu trouves pas? Hein tu sais ce que c'est des Lakotas? c'est des Sioux, mais il faut pas dire Sioux hein, en fait il faut pas dire Indien c'est raciste, la maîtresse elle a dit qu'il fallait pas...

L'enfant continuait à produire son discours bourdonnant. Adèle le tenait à distance, avec des pincettes, et dodelinait de la tête, émettant des "hein, hein" qui pouvaient être pris comme des encouragements. Mais elle était ailleurs, prise aux pièges de ses propres pensées.

Je me réduis. J'ai une vie rangée, et pourtant cette vie me rétrécit. J'avais des rêves pourtant. Mais ma vie se borne à scruter des écrans d'ordinateur. Et a nourrir le ticker, comme disent les mecs du marketing  pour donner un sens au vent qu'ils vendent. Tic tac. Comme celui d'une horloge, dont le chant raccourcit notre vie. Comme celui d'une bombe. Comme j'aimerais pouvoir tout envoyer balader.

Je m'adapte à toute forme de réalité. Je suis un tout-terrain. Je ne fais que découper la vie en faits et je me dessèche au même rythme que j'aligne sur le fil les dépêches, comme des perles sur un collier. Mais où est le gras de la vie? Celui qui donnerait du goût à mon univers? J'ai faim de fiction, d'histoires inventées.

De magnifiques mensonges qui tisseraient des histoires chatoyantes.

Et pis toi tu sera la femme de shérif, ou alors même le shérif. tu pourras courir après les méchants, Maman dit que tu travailles beaucoup, tu seras capable toi de courir après les méchants.

oui peut-être la petite a raison après tout. Peut-être qu'elle tient de moi? Adèle pressa la main de sa nièce, interrompant un instant le flot des mots. La marée marqua un arrêt, avant de repartir de plus belle.

Et puis tu sais quoi, en fait, on habite Paris, le monde s'appelle Paris, et moi dans mon sac, je peux y mettre le monde entier.

On va faire comme si. Comme si tout avait un sens. Comme si les murs de la réalité pouvaient s'incurver, gondoler et laisser de la place aux plis.

Cachée, secrète, j'y serai tapie et je pourrai me réinventer à souhait. Tisser mon identité à partir d'un tapis de mots. Comme si.


jeudi 21 août 2014

+++en construction Cindy Sherman

++++ je suis une feignasse j'ai pas encore fini mon compte-rendu de l'expo, gros bisous+++++

De retour de l'expo de Cindy Sherman, je reste troublée. Les photo posent plus de questions qu'elles ne livrent de réponse et je comprends désormais pourquoi l'artiste se refuse à nommer ses oeuvres. Un titre expliquerait, livrerait des signes, une tentative de signification... Quelque chose auquel le spectateur pourrait se référer pour tenter de construire son opinion.

Mais non, les oeuvres sont muettes sur leurs noms.

vision de la femme - effrayée, frayeur découpée en morceau, visions de psyhopathes
ou alors
les femmes mûres, sûres d'elles, quasi grotesque avec leur maquillage outrancier


Sils Maria: délicieuse mise en abyme et fin devinée, quasi vaporeuse

... je le dis tout de suite je n'ai vu qu'une première moitié de Sils Maria.

Mais soudain j'ai compris où se situait l'intérêt du film: dans cette mise en abyme, qui voit Kerstin Stewart évoquer les films de super-héros, en disant que les super-pouvoirs ne sont qu'une convention comme les autres. Ou plus troublant encore, lorsqu'elle évoque des blockbusters hollywoodiens peuplés de loup-garous, son personnage glosant sur son parcours d'actrice. Tout est flouté.

Mais au coeur du film se retrouve la relation entre l'assistante, quasi maternelle et pourtant si jeune, et la star adulée mais vieillissante (une Juliette Binoche lumineuse), et un peu déphasée dans un monde moderne qui court trop vite pour elle et dont elle ne maîtrise pas les codes Internet.

Maria Enders, l'actrice sur le déclin (forcément 40 ans, le début de la fin pour une actrice), se voit proposer de rejouer la pièce de théâtre qui l'a lancée lorsqu'elle avait 18 ans. Mais elle ne doit plus jouer la tentatrice  vénale, mais bien la femme mûre qui est conduite au suicide par cette passion destructrice.

Face à défi et à cet aveu - elle n'est plus toute jeune, elle qui s'attendait à jouer le rôle de la tentatrice devenue vieille, elle doute. Elle réalise qu'on vieillit plus dans le regard des autres que dans sa chair. En cela "Sils Maria" réussit là où "Boyhood" échouait, à n'exposer que le vide laissé par le passage du temps sans relater ses effets affectifs sur les personnages.

 Elle confond les époques lors des répétitions, se souvenant des répliques de la jeune Sigrid, plutôt qu'Héléna. Sa jeune assistance l'aide, endosse le rôle de Sigrid.

Et peu à peu, comme le fil du temps, un glissement s'opère. Les frontières entre la répétition et la vie des deux femmes se floutent. N'y a-t-il pas un rapport de séduction entre l'assistante surprotectrice et l'actrice, qui sait pourtant lui rappeler qu'au final, c'est elle la patronne. Mais l'assistance sait envoyer des piques qui dévoilent entre traitillés la nature plus trouble qu'il n'y paraît de leur relation.

- C'est la meilleure actrice que je connaisse.
- Ce n'est pas moi, ton actrice préférée?
- Pourquoi, tu es jalouse?

Puis j'ai dû partir, mon train pour Bellinzona n'attendant pas. Donc je n'ai pas vu la fin du film. Toujours pas. Mais c'est fascinant, je n'arrête pas d'y penser et de chercher une fin à ce film envoûtant.

Je  commence à tout remettre en question. Est-ce que ce glissement entre les genres ne s'applique pas au film en entier? Où est la réalité?
Pourquoi la veuve de l'écrivain brûle la suite de la pièce de théâtre? pour ne jamais donner à Maria l'occasion de jouer la suite, Sigrid à 40 ans? que reproche-t-elle à l'actrice, qui aurait pu séduire son mari à l'époque? Les dénégations de Maria sont trop contradictoires.

Et puis l'assistante, qui semble tant vouloir que l'actrice joue dans cette pièce, a peut-être tout orchestrer. Un site internet me donne deux acteurs pour un même personnage secondaire. Et j'imagine soudain un piège mis en place par l'assistante, qui désire elle aussi manipuler l'actrice et tout gérer sa vie. La faisant jouer dans une pièce. Le metteur en scène n'existe peut-être pas.
et la jeune actrice trash, qui doit jouer le rôle de Sigrid, on ne la voit jamais apparaître. C'est l'Arlésienne. Peut-être n'existe-t-elle tout simplement pas et l'assistante veut revêtir ce rôle.

Je perçois comme un mystère qui plane, à l'image de ces nuages qui passent le col de Maloja pour se déverser dans l'Engadine, planant sur le lac de Silvaplana. Le serpent de Maloja.






lundi 11 août 2014

Aux bains

Revue des corps étalés sur les planches de bois
Dans la perspective de corps à corps
Mollets torse et grands fessiers
Tout est rond et galbé à souhait
On en ferait des  bouchées

Reste la saveur de sel sur le visage
- la mer est loin pourtant -
A force d'avoir trop pleuré

Trop tard pour le grand marketing de l'amour
Les produits sont parfaits
et l'emballage travaillé

Mais quel est le prix à payer
pour remplir ces enveloppes prometteuses
d'émotions quelconques

Quel souffle, quel élan
pour de si prosaïques échanges marchands ?

Epiderme contre épiderme
Parfois le frottement des muqueuses
suffisent à provoquer l'épiphanie souhaitée

Mais moi je cherche
l'impossible correspondance
des âmes
L'esprit aussi aiguisé que la silhouette

Et pour cela le Letten n'est qu'un troublant Léthé



samedi 2 août 2014

Mehr Licht

Les étagères de la forêt se dressaient devant moi
Plus de branches, mais des tablards successifs
où s'étendaient par milliers les feuilles noircies.
Cette promenade dans cette forêt était une paix  à mon esprit.
Et je ne pouvais guère oublier les incendies terribles
le napalm sur les rayonnages de Sarajevo
Ici nulle étincelle destructrice
si ce n'est celle de l'ignorance
et je vois dans mon cauchemar brûler
la bibliothèque
se consumer par le dédain du profit

jeudi 10 juillet 2014

L'arctique, un nouvel eldorado? Yamal LNG, une usine à gaz au delà du cercle polaire/UPDATE

Un gisement de gaz naturel, une usine pour extraire et liquéfier le dit gaz, des bateaux spécialement conçus (des méthaniers) pour le transporter aux quatre coins du globe...
Vous me direz, pour le moment, rien de nouveau sous le soleil.

Mais le projet d'usine initié par le consortium Novatek-Total-CNPC, dispose d'une caractéristique de taille, qui le distingue instantanément de tout ce que vous avez pu lire à présent.

Il est situé bien au-delà du cercle polaire, au milieu de la Russie, entre la Norvège et la Chine, tout tout tout au Nord.

Yamal LNG tel est le nom de la future installation. C'est du lourd: un investissement qui tournerait autour de 27 mrd  USD sur 15 ans.

Sur la péninsule de Yamal se trouve des gisements  de gaz naturel, et Yamal LNG va exploiter le champ de Tambey. Le consortium vise une production de 16,5 millions de gaz par an. Il s'agit non seulement d'extraire le gaz naturel, mais également de le conditionner sous forme liquide pour permettre son transport. Le site est tellement isolé qu'il n'est accessible que par hélicoptère.

Sur son site internet, Total détaille le projet: 200  puits qui vont être creusés, trois trains de gaz naturel liquéfiés (c'est-à-dire des usines destinées à liquéfier le gaz pour facilier son transport). Le gaz ne sera pas transporté par gazoduc, mais emprunter la voie maritime à l'aide de 16 méthaniers brise-glace. Oui des brise-glace car les bateaux vont emprunter une nouvelle voie maritime: par les mers arctiques.

UNE NOUVELLE VOIE MARITIME

Et c'est historique: car pour la première fois depuis le XVIè siècle, on faire route à travers des voies qui demeuraient jusqu'alors inaccessibles aux hommes. Le passage du Nord-Est, l'arctique.

Du port de Sabetta, les brise-glace porteurs de gaz naturel liquéfié vont prendre la route de l'Ouest pour le livrer en Europe, et durant l'Eté, vont se frayer un passage vers l'Asie à travers le passage du Nord-Est, un passage que les glaces jusqu'alors avaient interdit à l'humanité d'emprunter.

Grâce (ou plutôt à cause) du réchauffement climatique, un nouvel horizon s'ouvre aux entrepreneurs de tout poils, pour une planète en quête de source d'énergie. On peut gloser sur les risques, sur les réels besoins, mais la réalité est là: il est devenu désormais rentable d'investir au milieu d'un environnement très difficile.

J'avais cru que l'exploitation des ressources sises au-delà du cercle polaire constituait elle aussi une avancée historique. Mais Mika Mered, analyste auprès du groupe Polarisk, a douché mon enthousiasme. " En fait, 10% du pétrole mondial et 25% du gaz viennent de l'Arctique", m'a-t-il expliqué. Et ce l'exploitation des ressources arctiques ne date pas d'hier. "Depuis les années 70", me précise-t-il.

"L'Arctique est grand et l'Alaska comme l'Arctique russe sont déjà développés en onshore. En fait, la nouveauté ici c'est qu'ils vont développer le offshore", souligne-t-il à propos du projet Yamal. "La route maritime du nord est un développement qui a débuté en 2013", a-t-il toutefois concédé.

L'arctique est-il le nouvel eldorado?

S'il ne faut pas négliger l'avancée que constitue ce passage du Nord-Est, quelque chose de romantique au final, il faut également être critique.

Comme dans toute ruée vers l'or, il serait bon de prendre le temps de se poser les bonnes questions (impact environnemental: ne risque-t-on pas d'envenimer le réchauffement? pourquoi un tel besoin énergétique: ne faut-il pas mieux rechercher des alternatives plutôt que d'exploiter en terrain hostile).


(port de Sabetta en mai 2012, photo Aidar Amanov)

La coentreprise Yamal LNG détient l'autorisation pour explorer et exploiter le gisement de gaz naturel de Tambey Sud (Yazhnoye Tabeyskoye) jusqu'en 2015. Cette réserve a été découverte en 1974 et est située au nord-est de la péninsule de Yamal, à proximité de la mer.  Fin décembre 2013, on estimait que ce gisement contenait  492 milliards de mètres  cubes (billion cubic metres) de gaz.

La première usine de liquéfaction (un train de gaz) devrait ouvrir en 2017. La construction du site va bon train: quelque 3000 ouvriers se trouvent déjà sur le chantier.

La production est d'ores et déjà en partie vendue: selon Novatek environ 75% a déjà trouvé preneur  dans le cadre de contrats à long terme. Selon l'AFP, les marchés se trouvent principalement en Asie. Le solde a été vendu en Europe.

Novatek a annoncé fin octobre 2013  avoir conclu avec le groupe espagnol Gas Natural Fenosa un contrat à long-terme portant sur 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par année, ce qui équivaut à 3,2 milliards de mètres cubes (billion cubic metres). Cette quantité représente neviron 10% de la consommation annuelle en gaz naturel de l'Espagne.

UPDATE: avec indications données par Mika Mered du groupe Polarisk.




mercredi 11 juin 2014

1980

Voilà pour ceux qu'il ne le savent pas je suis en 1980.. j'ai toujours beaucoup aimé la correspondante des sonorités, qu'on retrouve le son "en" à la fois dans "huitante" et dans mon nom de famille.

Bref, vu que je suis ne pas morte sur la croix pour tous vous sauver, je vais prochainement fêter mon 34ème anniversaire. Il me reste donc une année pour égaler Mozart, je crains que c'est un peu court et un poil ambitieux. Verlaine étant mort à 37 ans, cela me laisse un peu d'espoir.

Plus sérieusement je me suis dit qu'une performance artistique devrait marquer le coup, fêter le passage du temps, et tout ça.

Prenons 1980, mon année de naissance, et transformons-la en code postal.

Cela donne 1980 Eppegem, dans le Brabant flamand, et également Zemst, qui partage avec Eppegem le même code postal. Je n'ai pas encore regardé où ça se situait. J'ai appris en passant que la Belgique possédait un code postal à quatre chiffres.

Je poursuis ma recherche en Suisse et déception: aucune localité en Suisse n'a reçu 1980 comme code postal.

Par contre, je trouve un site web qui recense tous les codes postaux mondiaux et j'apprends de très belles choses. Notamment qu'au Bengladesh, il y a une localité qui s'appelle Ghatial qui répond à ce code postal.

Et ça se  complique un peu quand je vois qu'en Philippines, il y a juste 19 localités qui sont précédés de 1980...

Du coup je m'imagine déjà faire un beau voyage .... Une façon conceptuelle de fêter son anniversaire. Je pourrais déjà commencer par Eppegem et Zemst, non ?

pour les curieux: http://www.geopostcodes.com/ qui recense les codes postaux du monde entier







lundi 12 mai 2014

crépuscule de la famille - de retour d'une pièce d'Ibsen

Les revenants d'Ibsen...

car même les enfants innocents récoltent le fruit pourri semé par leur père... et si la syphilis se transmettait héréditairement? C'est la maladie tabou qui cache son nom dans Les Revenants, et dont souffre Oswald.

 - et quand il drague la bonne, sa mère voit soudain réapparaître "le couple du jardin d'hiver, les revenants -

 La figure tutélaire du père reste intacte, préservé par la mère, qui s'érige en gardienne du souvenir familial. Le sénataire Alving était un être vertueux et exemplaire, à la mémoire duquel on va ériger un monument.
Pourtant c'était la première à souffrir des égarements du père. Elle illustre à merveille la violence que les femmes s'infligent à elle-même, à suivre obstinément leur sens du devoir, à suivre la ligne fixée par les convenances.

Pourtant Hélène Alving possède au fond d'elle-même une âme de rebelle. Après un an de mariage, elle s'est précipitée chez le révérend, fuyant un mari alcoolique et coureur.

ET celui a réussi à lui faire faire son devoir. Coller aux convenances, malgré l'enfer domestique. Pour préserver son fils d'une pitoyable image paternelle, elle l'écarte dès son septième anniversaire pour le mettre en pension. Le soubresaut de rebellion a été anéanti par le discours du pasteur, dont le motto est "la poursuite du bonheur est le ferment de la révolte".

Nul ne doit laisser libre cours à son envie, et la liberté est le début du chaos selon lui.

Mais brider ces instincts en public pour mieux les libérer en secret est fatal. Fatal à l'idylle entre les deux jeunes gens, qui se révèlent être frères et soeurs.

La mère, dans sa volonté de rendre à tout prix son fils heureux, est prête à tous les accomodements moraux. J'ai mal compris une scène où j'ai cru qu'elle leur disait qu'ils pouvaient être heureux. Mais l'aveu est fait, car "tous deux appartiennent à la même maison". Régine, horrifiée, s'enfuit.

Et Oswald est condamné à mourir.

Le metteur en scène termine la pièce par une image de Piéta. Celle qui a donné la vie et a tout fait pour protéger son fils se voit résolue à lui donner la mort. Pour mieux enlacer son cadavre.





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mercredi 2 avril 2014

Un galeriste fribourgeois à la conquête de Zurich

Pour sa 50 ème exposition, Julien Kolly a visé haut. Ce jeune Fribourgeois de 34 ans va ouvrir le 27 février la première galerie en Suisse allemande consacrée au "street art". Il aura pignon sur rue à Zurich, dans le quartier branché de Seefeld, regorgeant de galeries et de bureaux de graphistes. Il frappe également fort en exposant Jon0ne, un des artistes les plus connus de la scène du "street art", né en 1963 à New York et vivant à Paris.
Le "street art" ? Il s’agit d’artistes qui ont débuté dans la rue en y apposant leurs œuvres. "Le street art se définit par un processus artistique nouveau. L’artiste ne veut plus attendre de trouver un lieu pour exposer. Il crée dans la rue. C’est une prise de possession d’une partie de l’espace commun, pour y montrer visuellement ce qu’on a envie d’y voir. Cela part d’une volonté de s’approprier et d’égayer l’espace public", explique à webzine.ch Julien Kolly.
Au début, les artistes issus de la scène "street art" n’ont pas de vocation artistique, mais sont mus par la volonté de marquer leur territoire. En apposant son tag sur les métros, "JonOne voulait voir son nom écrit partout", explique Julien Kolly. Puis, en travaillant sur son tag, sur sa signature rendue abstraite, JonOne, s’est intéressé à l’art. "Il a évolué dans le processus et le graffiti lui a permis d’ouvrir les portes des musées", selon Julien Kolly. D’où la création de graffitis dans l’univers gris de la rue, et une recherche artistique.
A la base du travail de JonOne se trouve la recherche du "flash de couleurs". " Il veut reproduire l’impression que lui fait un wagon de métro sortant à grande vitesse d’un tunnel". Autour tout est gris, le ciel, le goudron, les immeubles. Le métro et ses graffs colorés apportent ainsi la seule touche de couleur, un choc salutaire.

On retrouve cette force et ce dynamisme dans les toiles de JonOne. Il n’utilise plus les bombes de peinture, mais les pinceaux et les éponges. Mais il a conservé son goût du mouvement. "Il peint à grand geste", confirme Julien Kolly. Les projections de peinture de JonOne et la sensation de mouvement qui ressort de ses toiles font penser à certaines œuvres de Pollock.
"L’inspiration vient des paysages urbains", animés par les touches de couleurs des graffitis, relève Julien Kolly. JonOne, s’il a renoncé à ses bombes de peinture, reste fidèle à son tag, qu’il répète ainsi à l’envie sur la toile. Sa signature rendue abstraite se voit ainsi répéter à l’infini sur fond de couleurs.
Le public visé de la galerie: les amateurs d’arts, mais pas seulement. Julien Kolly cible également les investisseurs, une des raisons pour laquelle il est venu à Zurich. "Zurich est l'endroit où être en Suisse actuellement: on peut y apporter des choses qui sont à la pointe du mouvement artistique", confie-t-il. Mais c'est également un lieu où se bousculent les investisseurs, qui n'hésitent plus à investir dans le "street art". A l’image des traders, qui aiment bien détenir une œuvre de street art. "Ils peuvent ainsi détenir une part d’interdit, et de fun, ce qu’ils ne peuvent pas se permettre dans la vie de tous les jours", relève Julien Kolly.
L’exposition de JonOne, qui sera vernie le 27 février1, est intitulée "Cryptation" et s’inspire de la figure d’Edward Snowden. Pour JonOne, Snowden est un "vrai graffeur, un vrai rebelle, un vrai héros".

jeudi 13 mars 2014

Josefwiese

Je m’enfonce, je m’enrobe dans le petit coton des jours qui passent en défilant leur petite routine. J’en deviens un petit zombie décousu mal recousu.

Parfois j’émerge.

Aujourd’hui suis allée manger à la Josefwiese, un endroit qui sur le papier n’aurait rien pour être mentionné, un carré de parc, une allée avec des peupliers, des colonies de poussettes et de mères plus jeunes que moi, aux yeux moins plissés que les miens. Mais in situ, le tout a un charme quasi cosmique, comme si le temps s’y était arrêté.

C’est peut-être l’attrait du viaduc, où filent parfois les trains en faisant trembler les boutiques bobo cises en dessous. La coulée mobile s’oppose aux colonnes des peupliers, le tout sur fond vert du carré. Et la clé est de savoir que les trains poussent jusqu’à l’aéroport. En somme, ce parc sonne comme la possibilité d’une fuite. 

Je ne sais. C’est toujours que j’y suis dans un ciel bleu éclatant pommelé de nuages. Peut-être là uniquement la clé de son charme. Je devrais tenter le coup un jour de novembre plombé, sourd comme une chambre de motel emplie de moquette ou triste comme un couloir d’hôpital.

Bref, je m’y assois et j’ouvre mon livre. A ma droite, des groupes jouent à la pétanque, tout âge mélangé. Un seul répond à ma conception du véritable pélotiste. Un vieux petit monsieur râblé, au ventre proéminent, un Méridional, ça se voit à sa casquette. Un pro de la pétanque, on le devine au mètre qu’il promène partout pour mesure la distance qui sépare les boules du cochonnet. Il joue avec des jeunes gens, qui ont garé leur vélo pas loin. Une jeune fille complète le groupe.

Je me demande si ces gens se connaissaient avant d’entrer dans le parc. Ou s’il suffit d’y arriver avec sa panoplie, ses boules et aussi d’entrer dans la société secrète. Si c’est le cas, j’envie profondément cette socialisation facilitée, que je n’ai vue jusqu’alors qu’auprès de rombières à teckel. 

A ma gauche, un tintamarre ne se réduit pas. Je ne comprends rien à la conversation, cela doit être du suisse allemand, mais celui qui parle ne doit pas le maîtriser complètement. Il lance les sons comme d’autres des bombes, la langue n’est plus qu’éclatement sonore. Il doit parler le dialecte comme il parle sa langue maternelle, une langue asiatique si j’en crois ses yeux bridés. 

Mais son teint est plus cuivré que les Asiatiques du Sud-Est, et à sa manière de s’asseoir accroupie derrière le peuplier, il me fait penser aux chauffeurs de taxi  d’Asie centrale qui peuplaient les rues de Bichkek, se délassant ainsi dans l’attente des clients.

Il fait une pause, mais invective toujours les joueurs de ping pong qui ont pris sa place. C’est visiblement un tournoi, mais le groupe disparate attire les regards. Il y a un chauve à chemise lamée (oui lamée, comme dans une soirée disco) qui scintille au soleil à chacun de ses mouvements. Il parle parfois en français, parfois en dialecte. L’autre joueur est de dos et n’a rien de spécial. A côté, un autre Asiatique, plutôt replet et à la coupe de cheveux stylé (je dirais une sorte de banane nord-coréenne), attend son tour, à côté d’un petit garçon basané. Quel groupe.

« Kommunistich, du » je comprends enfin un mot de la diatribe du chauffeur de taxi accroupi. Les autres répondent. « ja aber es waren Kommunisten im Nord Vietnam » s’entête-t-il à tue tête. Je m’étais trompée: il doit être vietnamien.  Une fois l’accusation lancée (à qui est-elle destinée?) il se calme. Le groupe continue de jouer au ping pong. Parfois une balle tombe à mes pieds. On vient la ramasser.

Le train sur le viaduc repasse. Pas besoin de le prendre pour s’évader.

vendredi 28 février 2014

zalotoy gorad


Se promener dans la ville d’or, où les murs écrus baignent dans la lumière dorée du soir, là où les arbres, mieux que toutes les orfèvreries du monde, cisèlent délicatement leur coulée ambrée au travers des rues……… puis passer un moment dans un endroit agréable, avec des gens sur lesquels on peut compter, puis revenir en marchant sur les quais près des eaux noires, en admirant une église néo-russe, tout en contemplant la lune…


Partout, la lumière diffuse et dorée, dans les rues, sur les arbres, le soir, et même les eaux noires des canaux se teintaient d’or…

Mais le répit est bref.

Et bien tout la luminosité dorée de cet instant a disparu… le soleil n’est plus, dans les rues, je me retrouve presque à berne, noyée sous la pluie et la grisaille. 
L’automne est partout pareil finalement, ses ors déployées contrent une nostalgie latente, celle de la splendeur de l’été, mais les ors passent, les feuilles trépassent et l’on se retrouve face à soi-même, et la mélancolie ne nous quitte plus…


 Voilà pourquoi il est nécessaire que tombe la neige, car chacun a soif de pureté et d’innocence et que le froid immaculé et le silence lavent les âmes les plus tenaces et les rancoeurs les plus inavouées….

ne plus penser, ne plus écrire… Penser que je retrouverai peut-être un jour une telle passion incompréhensible et pour les trois quart réécrites par moi, car en trois rencontres je peux combler beaucoup de vides et de non-dit, je suis douée pour l’interprétation des signes…. Donc ne plus voir de signes nulle part, ne plus attendre quoi que ce soit, et espérer qu’il existe des hommes bons, terriblement ennuyeux et bons, qui sauront prendre soin de moi et de mes angoisses, et où je pourrais rêver entre leurs bras à des statues dorées, des corps sculpturaux et des yeux clairs….

lundi 27 janvier 2014

Petite histoire ferroviaire

et oui je réactive le blog.
Mais tout gentiment, car j'ai perdu beaucoup de sève ces dernières années, à trimer sur les diverses révolutions et catastrophes écologiques.
je me propose de vous faire partager quelques petites perles quotidien.

Echec du langage corporel.


Un spécimen de la section bernoise du Club alpin vient de pénétrer en coup de vent - surprenant pour une Bernoise - dans le wagon.
Elle est reconnaissable à sa veste Mamouth. Mais finalement, elle ne doit pas être si sportive: son bonnet et son pull sont en laine, ce que plus aucun sportif digne de ce nom ne porte de nos jours.

Avec la même brusquerie dont elle a fait preuve en arrivant, elle s'assied abruptement sur une place libre. Cette rage est-elle due au fait que son désormais voisin, vautré sur son siège, a mis ses pieds sur la banquette d'en face? Ainsi installé, il regarde un film sur son ordinateur portable, les écouteurs vissés sur les oreilles.

Elle garde son sac et sa veste sur ses genoux, comme pour signifier à l'autre qu'il s'étale alors qu'elle est encombrée.

Il ne bronche pas.

Dix minutes plus tard, elle enlève son bonnet et sa veste, fourrage et les mets en boule, se relève, s'assied, et disparaît sous la pyramide constituée par ses habits et son rücksack.

L'autre n'esquisse aucun geste.

IL reste vingt minutes jusqu'au prochain arrêt et chacun va camper ses positions. Aucun mot n'est échangé.