dimanche 1 novembre 2015

Novembre

Il est trop tard...

Te dit le mois de novembre

Arbres dénudés désormais pour plus de six mois
Malgré le halo d’or qu’ils dessinent à terre
Les plus vindicatifs se paraient de rouge
désormais sont déjà passés au rouille

Tard trop tard

Car l’or se mange désormais sous forme de mandarines
 Acides, acerbes, traîtresses
Elles tordent l’estomac pour renaître dorées
 leur promesse déjà éventée

Tu croyais qu’il était encore temps
De te hâter sous les frondaisons
Mais tu as beau lever les yeux
La couleur n’est plus, tu la foules au pied

Trop tard


Certains achètent des canapés,
D’autres te disent qu’ils travaillent beaucoup
Pour combler leur appartement comme leur vie
Vide, et sans questionnement

Mais toi tu doutes,
Tu te nourris de questions
Et tu languis de trouver d’autres gangues
L’ennui te pourrit déjà, comme une feuille oubliée

mardi 23 juin 2015

de retour d'art Basel j'ai fait ce rêve

j’ai rêvé que j’étais l’assistante personnelle d’une artiste contemporaine, ou plutôt sa responsable communication. Je n’ai pas de souvenir de son oeuvre, mais elle laissait une grande place aux spectateurs et à leur émotivité. Le public devait y projeter ses sentiments. Je lui ai conseillé de parler ensuite à chaque visiteur, pour que les émotions des spectateurs nourrissent son oeuvre. Elle était dubitative mais l’a quand même fait.
A la fin de la conversation chaque personne était prise en photo avec elle, sur fond de soleil couchant sur un lac, au bout de la jetée.
Elle était plus que dubitative car elle s’est mis une sorte de voile noir pour visiter sa propre expo, comme pour dénoncer le fait qu’elle niait sa propre substance. Elle était assez jolie, mince, les cheveux bruns et longs.
Mais elle a beaucoup aimé partager avec le public et y a trouvé une source d’inspiration. Puis elle est venue me raconter son expérience avec les gens, et à chaque personne qu’elle évoquait, elle se dédoublait et de longues files d’artiste, tjrs habillée la même chose d’un short et débardeur noir restait devant mes yeux, comme une longue série cinétique. Comme des épreuves de cinéma. Comme un multiple dédoublement de l’artiste, qui se nourrit des réactions du public. Elle l’’incarnait littéralement.
Puis je me suis regardée dans le miroir et une fille aux longs cheveux bruns me regardait.

mardi 6 janvier 2015

les courses au bonheur


Les feuilles de salade racornies regardaient tristement Jean à travers l’emballage transparent. Sans surprise, la date de péremption indiquait le lendemain. La salade devait donc impérativement être vendue le jour même. Faute de quoi elle serait jetée.

Elle était pourtant encore à prix plein, malgré l’heure avancée.« Pfff, c’est quand même des radins dans cette Halbfatt... », se dit-il. Dans la plupart des supermarchés, les employés faisaient une ronde, une heure avant la fermeture, et apposaient sur les produits en sursis un autocollant orange, jaune vif ou rouge, afin de mieux attirer les clients.  Les marchandises qui risquaient de dépasser la fameuse Datafatt – la date de péremption – pouvaient désormais se vendre à moitié prix, voire au quart de prix.

Ce système attirait une clientèle d’habitués : étudiants et fauchés bien renseignés. Étonnamment peu de mères de famille nombreuse, pourtant la cible de ce type d’affaires. -Elles étaient certainement en train de préparer le souper pour leur tribu affamée. Elles étaient remplacées dans les allées du supermarché par des dames élégantes, dont le manteau n’était guère mité, mais dont le visage trop fixe laissait supposer un âge qu’il n’affichait plus depuis 20 ans, voire 40 ans...
« Les riches aussi ont de la peine à tourner avec leurs AVS », s’était dit Jean la première fois qu’il s’était retrouvé à la caisse derrière ces dames et leurs achats bariolés de rouge, orange et jaune vif.

(to be continued)