La Sarine gonflée roule ses flots verdâtres
Comme des billes de verre de l’adolescence
Quand l’ancien nouveau monde n’avait pas pas encore coulé
Et là un ou deux châtons pour gonfler tes yeux
Verdâtres comme des billes de verre de l’adolescence
Pollen mais pas ce trouble dont je croyais me souvenir
Et qui n’a jamais existé
Car nous nous étions jamais vu
Et si les saules autour de nous pourraient nous étreindre
Flexibles lianes qui écoutent nos silences
Dans une possible reverdie
Où quarante peut être divisé par deux
Mais ce souhait je suis seule à le créer
Mot à mot,
À chaque pavé foulé de nos pas
Et le sable pris dans la molasse
S’égrène désormais pour nous
Figés nous n’allons nulle part
Seule je dessine un mouvement
Sur ce papier
Plaçant ce moment entre deux feuilles
Et le faisant sécher pour qu’il renaisse un jour
Comme si nous avions été un jour
N’est pas
comme n’est pas cette fleur que je croyais cueillir
À placer dans mon herbier
Et le mur fait des galets de rivière
Ta façade préférée
Libre et sans chaux
Et l’herbe inconnue qui pousse dans le tuf
S’échappant de la pierre
Tout cela ne sera pas pour nous
Et figée je suis prise dans le piège de mes mots
A la fontaine pleure l’historiette
Où j’avais tenté de noyer mon ennui
Le buvard a pris l’eau
Et la fleurette n’est plus
Je remonte vers la ville haute
En train de croire à mon souvenir
Mais l’illusion ne dure
Je trouve près du funiculaire
le magnolier encore fermé
Le remugle sans la beauté
Et tout ce qui constituait le souvenir inventé
Plane comme une promesse au dessus de la ville vert-de-gris
Les mots lassent
comme la pierre sous la pluie
Et ce froid de mars
Et toi tu vas t’ensabler plus loin
Sans avoir esquisser de mouvement
Si je dois d’apporter une rançon
Ce sera une cuirasse de mots
Afin que tu me désarçonnes
Me désarmes
M’abandonne