mercredi 2 avril 2014

Un galeriste fribourgeois à la conquête de Zurich

Pour sa 50 ème exposition, Julien Kolly a visé haut. Ce jeune Fribourgeois de 34 ans va ouvrir le 27 février la première galerie en Suisse allemande consacrée au "street art". Il aura pignon sur rue à Zurich, dans le quartier branché de Seefeld, regorgeant de galeries et de bureaux de graphistes. Il frappe également fort en exposant Jon0ne, un des artistes les plus connus de la scène du "street art", né en 1963 à New York et vivant à Paris.
Le "street art" ? Il s’agit d’artistes qui ont débuté dans la rue en y apposant leurs œuvres. "Le street art se définit par un processus artistique nouveau. L’artiste ne veut plus attendre de trouver un lieu pour exposer. Il crée dans la rue. C’est une prise de possession d’une partie de l’espace commun, pour y montrer visuellement ce qu’on a envie d’y voir. Cela part d’une volonté de s’approprier et d’égayer l’espace public", explique à webzine.ch Julien Kolly.
Au début, les artistes issus de la scène "street art" n’ont pas de vocation artistique, mais sont mus par la volonté de marquer leur territoire. En apposant son tag sur les métros, "JonOne voulait voir son nom écrit partout", explique Julien Kolly. Puis, en travaillant sur son tag, sur sa signature rendue abstraite, JonOne, s’est intéressé à l’art. "Il a évolué dans le processus et le graffiti lui a permis d’ouvrir les portes des musées", selon Julien Kolly. D’où la création de graffitis dans l’univers gris de la rue, et une recherche artistique.
A la base du travail de JonOne se trouve la recherche du "flash de couleurs". " Il veut reproduire l’impression que lui fait un wagon de métro sortant à grande vitesse d’un tunnel". Autour tout est gris, le ciel, le goudron, les immeubles. Le métro et ses graffs colorés apportent ainsi la seule touche de couleur, un choc salutaire.

On retrouve cette force et ce dynamisme dans les toiles de JonOne. Il n’utilise plus les bombes de peinture, mais les pinceaux et les éponges. Mais il a conservé son goût du mouvement. "Il peint à grand geste", confirme Julien Kolly. Les projections de peinture de JonOne et la sensation de mouvement qui ressort de ses toiles font penser à certaines œuvres de Pollock.
"L’inspiration vient des paysages urbains", animés par les touches de couleurs des graffitis, relève Julien Kolly. JonOne, s’il a renoncé à ses bombes de peinture, reste fidèle à son tag, qu’il répète ainsi à l’envie sur la toile. Sa signature rendue abstraite se voit ainsi répéter à l’infini sur fond de couleurs.
Le public visé de la galerie: les amateurs d’arts, mais pas seulement. Julien Kolly cible également les investisseurs, une des raisons pour laquelle il est venu à Zurich. "Zurich est l'endroit où être en Suisse actuellement: on peut y apporter des choses qui sont à la pointe du mouvement artistique", confie-t-il. Mais c'est également un lieu où se bousculent les investisseurs, qui n'hésitent plus à investir dans le "street art". A l’image des traders, qui aiment bien détenir une œuvre de street art. "Ils peuvent ainsi détenir une part d’interdit, et de fun, ce qu’ils ne peuvent pas se permettre dans la vie de tous les jours", relève Julien Kolly.
L’exposition de JonOne, qui sera vernie le 27 février1, est intitulée "Cryptation" et s’inspire de la figure d’Edward Snowden. Pour JonOne, Snowden est un "vrai graffeur, un vrai rebelle, un vrai héros".