lundi 26 janvier 2009

l'église catholique et moi, c'est fini

Non mais...
Ecône, c'est le mal incarné pour moi, l'illustration de ce que la fermeture d'esprit peut donner. D'ailleurs, je ne suis pas du tout étonnée qu'un de leurs évêques soit négationniste, pour des gens qui tous les Vendredis saints prient pour les perfidi Judi.
Ce sont des personnes qui refusent des antidouleurs aux agonisants sous prétexte que le Christ a souffert sous la croix pour les sauver : les Talibans ont l'excuse de ne pas avoir fait d'études, j'en cherche toujours pour ces fondamentalistes.

Donc, cher Benoît, il faut choisir, c'est eux ou moi. Vu que certainement tu as d'autres chats à fouetter qu'une petite dievouchka, c'est moi qui vais partir.

ps : les protestants c'est embêtants, ça manque de rituel et de pompe. Restent les orthodoxes... Tibie payom, tibie blagaslavim, tibie blagadavim, gospodi...

photo quizz












quelques photos pour vous donner l'eau à la bouche (et voui, aujourd'hui c'est la grève de l'écriture, c'est comme ça)

ps : eh eh, il est évident que j'ai brouillé les pistes et que seulement une photo provient des préalpes suisses. Saurez-vous devinez d'où viennent les autres ?

(le tout copyright dievouchka)
Einige Photo (und so werde ich wenig schreiben, weil ich will es nicht na na na).
Ps : ganz klar ist es dass ich so faul bin, (oder etwas zu spontan) , weil nur eine Photo kommt aus den Voralpen. Können sie doch wissen, wohin kommen die anderen ?
just a few pictures to make you craving for some more (and so, i'm off duty for the writing stuff).
ps : actually, as you can guess, i made the game a little bit trickier, as only one of the pictures actually comes from my trip in the Alps. Can you guess, where are the other from ?

dans le minervois je crois

chers amis lecteurs

Rien de spécial à dire, à part que j'ai reçu une bonne nouvelle, et que je fête le tout avec une bonne bouteille de minervois (quoi, vous ne connaissez pas le vignoble des corbières, honte à vous).

mercredi 14 janvier 2009

Histoire du matin, chagrin ; histoire du soir, espoir : faut-il hamas ou pas ?


Vert comme la couleur de l'espérance, vert comme le keffieh du Hamas, vert comme le désespoir, vert de rage.
Vers quels lendemains ravageurs ? vers combien d'enfants aguerris pour la prochaine guerre des pierres?
Vair comme la pantoufle que chaussait la femme de Sdérot à l'abribus, qui trop tard entendu le Qassam. Verre comme les multiples morceaux qui écartèlent les chairs, la brillance du tungstène, l'odeur brûlante du phosphore, les fléchettes, horreurs aux noms absurdement poétiques.
Les vers se nourrissent des chairs anémiées, meurtries, des cadavres ensanglantés même pas lavés - plus d'eau- des enfants innocents de Gaza.
Green as the color of hope, green like the Hamas keffieh, green as the despair, green of wrath.
To which horrible hereafters are we leading ? to how many children being toughed up for the next stone war ?
Fur like the shoe that was wearing the woman of Sderot, waiting for the bus, which heard too late the Qassam. Glass like the numerous pieds that cut the flesh, the brightness of tungsten, the burning smell of phosphorus, the "flechettes", nameless horrors which bear an absurd poetry.
The worms are feeding with thin flesh, with the bloody corpses which are left unwashed - no water anymore - of the innocent children of Gaza
ps : there is a pun, untranslatable in English with the sound [ver], which means vert =green; vers =toward ; vair =some kind of fur, worn by Cinderella, verre = glass; vers =worms in French.

amis lecteurs, qui êtes-vous?

parfois une idée : créer un blog de toute pièce et inventer complètement le narrateur : par exemple écrire comme un homme, une vieille dame ou alors un électeur de l'UDC... est-ce que quelqu'un remarquerait la supercherie ?
Amis lecteurs, et vous, qui êtes-vous pour venir curieusement, parfois peut-être jour après jour venir écouter mes petites histoires.

lundi 12 janvier 2009

primorskaya : le vent du large

Ce que j’aimais dans les cours, c’était la longue promenade qui m’y menait chaque semaine je passais à côté du vendeur de pastèque, du square où les enfants jouent, de l’énigmatique bâtiment en quinconce, de l’atmosphère vive et colorée de ce coin de l'île petrogradskaïa… Bref, un peu de vie.
Ma rue est très bien, mais parfois déserte, comme un long couloir poussiéreux où souffle le vent, et où le sable affleure sous les lignes du tram. On sent la fin, la fin de la terre, la capitulation devant l’élément liquide, si proche et pourtant caché. Oui ma rue est le début de l’infini océan… voilà pourquoi à chaque fois que je m’enfonce sous terre à Primorskaya j’ai sur le bout des lèvres des vers de Hugo sur les colères océanes… ou les langueurs océanes… que vient faire l’océan dans tout cela… ??
Pourtant, l’île de Vassili, et toute la gavanskaya oulitsa est une proue, une proue recouverte d’immeuble, mais le sable est tout proche, les mouettes me survolent, …. Pour bien exprimer la périphérie de l’île, on y a planté le cimetière, mélange ahurissant, le végétal a gagné, les tombes à l’abandon, sans pour autant qu’il s’en dégage un sentiment angoissant. Non c’est le chamanisme primitif, la grande forêt des slaves, où l’homme s’efface, les chairs se désagrègent, mais la tombe elle-même est envahie par les fougères…. Je songe à Corinna Bille, elle aurait adoré l’endroit. Au détour d’une allée, un sanctuaire baroque, et des chapelets de femmes bourdonnantes de prières… je n’ose entrer dans l église sans châle devant tant de recueillement. C’est la tombe de la bienheureuse xsenia la sainte locale…………..

samedi 10 janvier 2009

les ethnologues contre la conteuse

Anecdote : les ethnologues récoltent les contes de toutes les russies. Une conteuse s’offusque, et refuse de parler à des adultes, scientifiques soient-ils… Les contes sont affaires sérieuses, et doivent faire comprendre aux enfants la frontière entre le bien et le mal, les habituer à la violence inhérente à la vie, en sorte ils participent d’un mystère dont les adultes sont exclus, car ils sont en quelque sorte des rites de passage…
C’est magnifique ce refus simple de la conteuse de se laisser « chosifiée » par les ethnologues, qui sont ainsi défaits par la fonctionnalité de ce qu’ils devaient recenser. L’ethnologue s’est vue ainsi réduite à faire amener son fils de Leningrad (à l’époque) et celui-ci, magnétophone planqué sous la veste, a écouté avec intérêt les contes de la vieille femme.

Légende de la belle pétrifiée

Nous ne serons jamais vieux, mon aimé, nos corps pris dans les gangues minérales seront toujours beaux et vigoureux et je lancerai toujours vers toi mes formes, mes collines se rejoignent et frissonnent, le chant des oiseaux, le frissonnement des feuilles, tout cela va vers toi, cela est mon chant, ne m’oublie pas mon bien-aimé, nous serons toujours l’un pour l’autre. Regarde, ma tête est alanguie, je tourne vers le ciel mes regards assombris par l’érosion, jamais je ne suis malheureuse, car je te sens là, tout près de moi…
L’autre est mort, chaque jour il nous contemplait, il contemplait sa défaite et ne pouvait que se désespérer… Moi qu’il désirait si grotesquement, tant il était laid et moi si gracieuse, j’étais proche et pourtant à jamais inaccessible… car les amants véritables dans leur bonheur infini, rejoignent l’absolu des Dieux, ceux-ci nous ont compris et nous ont ravi à notre humaine condition. Nous sommes devenus pareils à eux, éternels, immuables, notre beauté inhumaine minéralisée, et le mortel a beau serrer ses poings, sa bouche se tordre de rage, ses subalternes ne cachant plus leurs sourires, ont peut-être dégaigné leur poignard, que sais-je, le tyran a vu sa défaite. La ligne de son horizon le nargue, c’est ma croupe parfaite, mes courbes sinueuses, chaque jour, il se plonge dans la contemplation de ce qu’il désirait ardemment, démultipliée à l’infini… un jour il s’aventurera peut-être dans les gorges des mes torrents, et là, ivre de colère ou de vin, il dévissera pour enfin me connaître… mes eaux noires le noieront avec délice, mon aimé et enfin nous pourrons célébrer notre victoire sur la mort, car les hommes tourneront sur nos flancs, comme le soleil dans le ciel, ils graviront nos pentes pour les redescendre entre quatre planches de bois, mais nous demeurons éternels, lointains mais si proches, et nous nous effleurons : mes pentes coulent vers toi, chaque pas des bergers me font frissonner, les bergères se baignent dans tes sources, nous sommes complices et de bonheur je m’étale, jeune fille pétrifiée, ouverte à la face du ciel…….

Invitation ossète


Invitation à souper de ma prof de russe, de 22 ans, d’origine ossète du sud, dont la mère inquiète de la bonne réception de toute razaïka russe, était toute bourdonnante et semblait adorer mon prénom car elle ne s’adressait qu’à moi. Bon en même temps, j’étais la seule à essayer de parler de russe (sprasivatsa gavarit pa rousski).

Bref, on a mangé des ratchapuri faits maison, et j’apprends que ce mets tout simple et chaleureux est assez compliqué à cuisiner : mélange de plusieurs fromage, c’est une alternative caucasienne à la fondue….. d’ailleurs on discute de la similarité des habitats « alpins » et "caucasiens", avoir plusieurs maisons, une dans la montagne en été pour faire paître les vaches, l’hiver dans la plaine pour la vigne et les vergers et pour les céréales…


Madina me reprécise son ethnicité : les ossètes font partie du groupe des kurdes, et sont affiliés aux Iraniens, tandis que la plupart des autres caucasiens sont d’origine turque…. Et les mongols les ont fait se retirer jusqu’aux montagnes… bref, elle comprend un peu le kurde et le farsi. Le Caucase me fascine de plus en plus… Je demande à la mère de Madina comment s’appelle sa ville d’origine : Vladikavkavz. Elle me montre ensuite une photo magnifique de la ville, où l’on voit une montagne majestueuse, la stalovaya gora, la montagne-table, car sa masse énorme s’étale toute en largeur… la mère ajoute quelques mots en russe, je comprends « dievouchka et galova » (jeune fille et tête) je regarde à nouveau la montagne et là, frappée par une illumination soudaine, je vois la montagne devenir jeune fille pétrifiée sous mes yeux, son corps, sa poitrine, son coup sa tête, et les collines « chevelues » (pour faire latiniste) ses cheveux……. La légende raconte qu’une jeune fille était fiancée à son bien-aimé, mais un méchant la convoitait également. Les dieux l’ont pétrifiée, elle et son amant, et il peut la contempler de loin (l’autre montagne dans le lointain, dont j’ai ignoré le nom).
Quelques précisions : ce billet retrace ma vie en Russie, qui date déjà de l'été-automne 2007, bien avant la guerre de Géorgie. Depuis lors, Vladikavkaz a été le théâtre de plusieurs troubles, le plus notable étant l'assassinat de son maire en pleine rue. La photo vient de :
(et oui, pas trouvé d'autre vue de la montagne en question, la photo est d'ailleurs de mauvaise qualité et ne rend pas justice à la montagne...). Le billet précédent copyright dievouchka pour le contenu, je ne me suis pas inspirée d'un texte local.

dimanche 4 janvier 2009

Perchée sur la houle

Une ville échouée au sommet d'une vague grise, écumante...
Autour d'elle, c'est la houle de collines verdoyantes couronnées de villages. Mas là soudain, la mer glauque se fend, comme sous l'effet d'un hypothétique bâton - où est Moïse dans cette ville consacrée à Michel et à Nicolas ? - la ligne d'horizon ploie et devient verticale...
Prise dans une gangue de pierre, la ville molasse dégringole en égrenant ses chapelets de maisons biscornues, répondant dans un diminuendo silencieux aux lignes sinueuses de la Sarine...
Pierre grise qui mine le moral en hiver et rend la ville...oui, froide et immuable.
La Sarine a beau coulé depuis huit siècles et demis, en boucles quasi circulaires, mais n'est-elle pas un serpent enserrant sa proie ? Et la ville respire à peine. Le liquide coule à foison pourtant ; il craquelait les mains des tanneurs de l'Auge. Puis leurs rejetons sont montés auprès de la flèche de la cathédrale-bergère qui garde son troupeau minéralisé : là, la ligne redevient plate, sur ce haut plateau où fleurissent les quelques pierres classicisantes des hôtels particuliers. Là les descendants des artisans portent désormais fraise empesée en prenant une pose grave dans des tableaux vernis par des siècles d'ennui. Ils tirent leur morgue - et leur richesse- non plus de la rivière serpentine qui teignait leur plus beau drap, mais des flots de lait ruisselant d'alpages lointains... Tout ce fromage qu'ils échangent contre le sang de braves, partis au loin se battre pour d'autres...
La Sarine tourne toujours autours des falaises, en creusant silencieuse la pierre... Travail de sape ?
Mais ne croyez pas pour autant que la gangue reforoidie ne recèle de trésor. Le grain poreux de la molasse s'agrippe à notre peau, la lisse pour la rendre plus fine... Nous sommes alors atteints par la douce sonorité qui s'exhale de cette ville pétrifiée...
La Sarine coule, gronde parfois, fati ruisseler ses ondes, qui ébranlent les fondations en se propageant - de la même façon que le sang réchauffe un corps.
... Une ville pétrifiée, qui senvole par la grâce de la musique : oui, musiques de Fribourg, notes aériennes et vaporeuses, se déclinant dans un kaléidoscope de couleurs qui réunit ouvriers et patriciens sous une même bannière. Celle du chant ou de la fanfare, la bannière qu'on agite en même temps que le balancement dudais, lors du trépignant défilé qui transforme les rues en un ruban fiévreux de prière... depuis tant de siècles, les pierres se taisent, mais les hommes font sourdre de leur âme la légende sacrée de Fribourg, celle de la musique où le chant des moniales répond aux accords jazzy d'un pianiste au clair de lune. Et l'on se rend finalement compte que la molasse, loin d'être une prison, forme une excellente acoustique.