lundi 20 février 2017

A la troisième personne

Pourquoi ne vieillit-elle pas comme les autres. A peine une ridule entre les sourcils, à force de penser, et des traits plus marqués au creux des joues, à force de sourire.
Mais rien dans son visage ni sa voix ne laissent supposer que non seulement elle a largement dépassé la trentaine, mais glisse inexorablement vers la quarantaine
Seules ses mains, et à peine.

Alors que les autres se plissent, s’empâtent, perdent cette petite étincelle de joie et de vivacité pour d’atures.
Au début, elle guettait les premières apparitions des plis sur la peau des autres. Comme dans un match, où elle gagnait indubitablement, son tableau n’affichant aucune ride, aucun cheveu blanc.
Maintenant, personne ne la croit quand elle dit que sa teinture est une pure coquetterie – un teint un peu plus sombre pour faire ressortir son teint rosé – et ne dissimule aucun cheveu blanc.

Elle se vexe parfois, songe à oscar Wilde qui disait que seuls les clergyman ne vieillissaient guère, car cela faisait longtemps qu’ils ne pensaient plus. Mais sa pensée ne s’arrêtait guère, glissant de roboratifs exercices à des doutes existentiels.
La pensée, l’unique rempart contre la banalité du mal, lui avait savoir un documentaire vu la veille sur Hannah harendt. Un palindrome, une pensée faite femme, intransigeante avec le politiquement correct et les émotions des autres. Sans compromission.
Hannah disait que le début de la pensée c’était pouvoir se confronter avec sa propre conscience, parler avec soi-même. Du bicamérisme, aurait renchéri les créateurs de Westworld, un show où les robots apprenaient à la fin du labyrinthe que la voix qu’ils entendaient n’étaient pas celle de leur créateur, mais celle de leur propre conscience.

Je devrais ainsi parler avec moi-même, songea-T-elle en laissant glisser les doigts sur le. Clavier.

Parfois elle se demande où est entreposée son tableau. Celui qui vieillit à sa place. Celui qui porte le regard rendu un peu morne par la  fatigue et le « à quoi ça sert »  , la bouche amère des illusions perdues.
Elle sait que peut-être elle devrait un peu comme les autres réaliser qu’elle va vieillir et que elle ne pourra pas continuer ainsi, à vivre comme si elle devait rester éternellement jeune.
Mais elle veut malgré tout rêver que tout reste possible, comme lors de ce matin de gloire de juin où elle avait réussi son bac, Oû elle croyait que la perfection de son esprit resterait à jamais.
A l’époque, elle ne songeait quasiment jamais à son corps, ou plutôt en terme de complexes qu’en autre chose. Les jeunes ne se rendent pas compte que le véritable cadeau de la jeunesse c’est cela : jamais ils ne seront aussi beaux qu’à 20 ans, leur corps je veux dire. Ferme et souple. Bien sûr tout le reste, l’assurance et le goût sûr viendront plus tard, mais pour le corps, la décrépiscence commence toôt. Et tout sport et yoga que vous pourrez entreprendre plsu tard ne fera qu’entretenir un corps déjà en train de se corrompre…

Comme la peau sur ses mains. Petite elle pinçAit la peau du dessus des mains de sa grand-mère. La ride restait en place. La peau de sa mère revenait à sa place, mais avec quelques hésitations. La peau de petite fille était comme un élastique tendu qui revenait immédiatement à sa place initiale. Désormais sa peau hésite une demi-seconde avant de se remettre en place, et ds cette demi-seconde, elle mesure enfin sa vieillesse.

Qu’aurait dit son prof de piano ? Qu’il fallait réinventer réinvestir les œuvres en fonction de notre âge ?

Elle refusait de lire

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