samedi 3 septembre 2016

Vertige


Certains d’entre nous se posent comme des observateurs, refusant d’être maîtrisés par le destin. Encore faut-il se demander si la notion de destin a encore un sens dans nos sociétés actuelles, où le culte de la course au bonheur écrase tout. Il faut être victorieux, se complaire dans le bonheur, et tant mieux si nous consommons.
Nous autres, nous préférons maîtriser notre trame narrative plutôt que de se laisser aller à celle proposée par la société. Nous ne voulons pas forcément arborer ce sourire niais de consommateur, acheter pour exister, comme le disait déjà Pasolini (cité par Milo Rau).
Nous ne voulons pas forcément des enfants ;  nous ne voulons pas forcément nous mettre avec un homme bon mais con, nous refusons le modèle de bonheur imposé par la société, cette dictature préformatée.
Alors oui nous avons parfois  l’impression d’être en dehors de nos vies, de ne pas essayer. Mais nous sommes une résistance.
Et nos essais portent sur des aspirations plus grandes que nous ne savons même pas nommer. Nous sommes touchés aux larmes au théâtre ou par Tchaïkovsky. Et nos doutes nous nourrissent.
Nous avons, comme tout raconteur d’histoire, un savoir de pythie. C’est de là que vient cette retenue à s’engager devant une histoire avec un autre, car déjà nous envisageons sa fin, ses tribulations, avant même qu’elle ne soit née. Nous n’avons pas oublié que le destin peut frapper à tout instant, et pour nous en préserver, nous observons.
Car nous refusons d’être réduits à des personnages, si la vie est une histoire ou une pièce de théâtre. Nous observons.

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