lundi 2 mars 2009

le beau l'utile et l'agréable...


dans le voyage du retour, le train-train habituel me permet désormais de laisser filer mes pensées, au rythme des roues tournoyantes. Et oui, un petit achat bien pratique me permet désormais de m'isoler des conversations désolantes de mes concitoyens : des écouteurs qui vous coupent du monde extérieur et qui vous permettent d'écouter en toute quiétude de la belle musique ou des bo podcast de la radio suisse-romande (qui me paie même pas pour cette belle pub gratuite)...

bref désormais la rubrique train-train sera consacrée non plus aux plus belles perles ferroviaires que je peux rapporter (je pourrais même les mettre sur un collier, tiens, une jolie activité, enfiler des perles), mais aux diverses associations d'idées qui me conduisent cahin caha jusqu'à Genève tous les jours...


Platon (ou Socrate, ou un autre philosophie pré ou postsocratique) disait que seuls le beau, l'utile et l'agréable étaient dignes d'êtres rapportés. Un programme comme celui-ci peut couper toute volonté de se lancer dans la carrière courageuse de chroniqueur - tout comme le nouveau Roman a définitivement tué dans l'oeuf ma vocation d'écrivain - mais a le mérite de couper court à certaines conversations.
Ma question : raconter sa vie aux autres, n'est-ce pas finalement le but de toute conversation ? Le fameux philosophe a énoncé sa loi certainement pour devoir se défiler au devoir d'écoute, non ? Car les petites aventures des autres peuvent nous servir d'exemples, mais également être empreintes d'un certain esthétisme ?

Ma théorie, c'est que toute oeuvre fictionnelle se nourrit d'éléments biographiques, réels ou fantasmés, et que même les faits divers ne sont que matière à investir et à insuffler un souffle nouveau, à y implanter sa marque. N'est-ce pas là finalement le sens du célèbre "Madame Bovary, c'est moi!" de Balzac ?

Quant à moi je voulais vous parler de ma façon personnelle de ne pas décorer les murs. Six mois que je vis dans ma petite chambrette, et les murs sont toujours nus. Je ne peux me résoudre à y accrocher mes posters soviétiques ou de Pollock (le nom de l'école de peinture déjà ? oh zut, j'ai oublié je suis nulle en art moderne). Ma procrastination dans l'achat de punaises ou de cadres atteint des sommets.

Pourtant lors de ma première escale à Lausanne, ma chambre de jeune fille en fleur était sous le signe du baiser de Klimt. Une manière que j'avais de conjurer ma solitude et d'attendre le Prince charmant sous les ors et les pluies d'étoiles. Car le fond brun que vous voyez sur les reproductions n'est rien comparé aux subtiles matières chatoyantes de l'original, semblables à une nuit d'été, d'où se détache le couple rayonnant. Deux êtres qui n'en font qu'un, fusionnant les prairies, les étoiles, le soleil et l'univers tout entier, une magnifique métaphore de l'amour, tel que je le croyais naïvement alors, (et j'avoue que quelque chose en moi y reste fidèle, à l'amour fusionnel).

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