jeudi 13 septembre 2007

Vie savamment ordonnée autour de la recherche de bonne nourriture : découverte hier d’un miraculeux restaurant géorgien, qui allie le côté exotique et la mise en valeur de légumes…
Puis promenade avec Fabienne autour des canaux, découverte du petit Tchik-tchik, de la paix du soir, impression soleil couchant, de deux trois églises baroques… La beauté contient son secret dans l’éloignement de la Nevsky… Quant à aujourd’hui, le repas italien partagé fut excellent, et les pontons sont un agréable moyen de vivre et de supporter la canicule, au bord de l’eau, dans le calme…. Pas de bains russes, mais la description (c’est sale, il faut des tongs en plastique) ne me tente pas le moins du monde.
Je me laisse vivre, en découvrant la ville, comme ce week-end : visite de cimetière, qui date du XVIIIe siècle, et qui sont par essence romantique. Je sens l’esprit même des romans noirs gothiques anglais, et même Edgar Allan Poe passe ici comme une ombre. Le soleil rend tout ceci paisible, mais les étranges têtes de mort qui parsèment les tombes sont étranges… « Je suis morte il y a si longtemps que le temps a effacé mon nom… »… certes, tout ici est rappel de la vanité des hommes… Ils ont beau se construire de magnifique monuments, leurs noms s’effacent du marbre…..sur les tombes, seules les têtes de mort demeurent discernables… à part un architecte français, » architecte de sa majesté impériale l’empereur de toutes les Russies », dont la ronflante titulature survit au temps.
Laure Nevsky : Vision surréaliste d’un carillonneur volant, entre terre et ciel, dans une fenêtre ocre baroque. Son échafaudage semble surplomber le vide, ses pieds actionnent des pédales invisibles, mais les cordes font vibrer les petites clochettes, tandis que ses mains font battre le battant des bourdons… L’homme ne semble en rien gêner par sa lourde robe de moine… Il y a parfois des images, des couleurs, des sons, qui font que St-Petersbourg est la capitale mondiale du baroque : ici et là, semble surgir une certaine simplicité et rigueur scandinave, tandis que les murs écaillés des palais rappellent Cuba (c’est la canicule qui veut cela)…..
La porte du chœur s’entrouvre, et les ors répondent au soleil : la transcendance semble ici toute proche, dans toute cette ferveur et ces signes de croix continuels et incompréhensibles (épaule droite en premier, avec trois doigts pour signifier la trinité, et parfois même les fidèles touchent le sol de leur main, dans un rituel qui évoque parfois même la prosternation musulmane (des femmes se prosternaient face contre terre devant les reliques d’Alexandre Nevsky…)…….

Comment s’appelle déjà ce roman du « nouveau roman » où un homme décrit son voyage en Angleterre jour après jour, avant de se laisser emporter par la vie, puis d’essayer de combler son retard….Je ne vise pas l’exhaustivité, ni la totalité de ma découverte de cette ville captivante, schizophrène, où alternent les ors des palais et les déchets des arrière-cours… Qu’y a-t-il de plus baroque qu’une statue dorée, solaire devant un rideau de pluie ? Samson tord la gueule du lion, son corps en mouvement, les muscles tendus, battus par le jet des fontaines…Peterhof était magnifique, comme une émanation du passé, où l’on sent, malgré les foules, les ombres du passé… déjeuné d’un hot-dog dans une délicieuse cabane semi-circulaire à claire-voie… En tout cas c’est décousu si ça ne vise pas la globalité de la ville. Mais ce soir, j’ai l’intuition de la correspondance, ville qui fait appel à toute les architectures classiques européennes, mais dont l’âme se trouve précisément ailleurs…….

Anecdote : alors qu’un homme me demandait un renseignement à l’arrêt de bus, je lui réponds en russe : Ia ni gavariou pa-roussky… Il me regarde et sans se démonter : Oukraïna ?... Donc voilà, il faut aller en Russie pour s’entendre dire qu’on a l’air ukrainienne… sinon c’est un super compliment, je trouve, vous avez déjà vu des Ukrainiennes moches, vous ??? Bon, je redescends sur terre.

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