mercredi 12 novembre 2008

la révolution culturelle revue par Hu Jie


Pour les gens de ma génération qui se complaisent dans un post-modernisme fataliste, mai 1968 se conçoit avec un haussement d'épaules... ou un geste d'impatience. Ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai réalisé ce que peut signifier le renversement total des valeurs : prenez le cas de la Révolution culturelle maoïste.

Quand on me dit Mao, je pense inévitablement à mon ancien prof de philo, qui loin d'être gauchiste (pensez donc ! un valaisan) arborait de superbes chemises col mao. Puis vient ensuite dans mon esprit le formidable succès éditorial que constitue le petit livre rouge. Pour le reste de la politique chinoise, le peu que je connais vient d'un roman historique à l'eau de rose écrite par une Américaine (oui je sais c'est la honte, mais quand j'avais 14 ans, ma vision de la littérature se réduisait aux romans historiques à l'eau de rose, style La bicyclette bleue)

Aujourd'hui, mon ignorance s'est effondrée, effarée, à la lecture du dernier numéro de Monde chinois, une revue que je vous conseille d'ailleurs. Bref, ce numéro est assorti d'un dvd contenant les films d'un cinéste chinois, Hu Jie. Ce dernier a consacré un de ses derniers documentaires au meurtre d'une rectrice d'un lycée de jeunes filles.

Dit comme cela, l'on pense inévitablement à la violence juvénile, aux classes de la périphérie et l'on soupire, à nouveau fataliste, tout en espérant ne jamais devoir être envoyée dans un tel enfer. Rien de tout cela.

Si la rectrice du lycée en question a bien été assassinée par ses élèves, les circonstances demeurent quasi hallucinantes d'un point de vue philosophique. Car c'est à l'instigation du gouvernement chinois que la Révolution culturelle fut lancée, enjoignant les jeunes à se libérer du carcan de leurs parents, présentés comme des contre-révolutionnaires bourgeois.
A lire les douloureux détails de la mise à mort (tuée à coup de planche à clous, forcée de manger ses propres excréments), on se dit que seules des adolescentes ayant vécu les pires atrocités de la guerre civile pouvaient être "décivilisées" pour en arriver à devenir des bourreaux.
Ici pas de guerre civile : les adolescentes appartiennent à la génération rouge, les enfants nés après la révolution communiste, dans un monde en construction, certes, mais paisible. Leur schéma mental est passé d'un coup d'une vision paisible et ennuyeuse de classe et de charabia propagandiste à un monde inversé où elles détiennent le pouvoir et peuvent renverser leur professeur - tout en conservant l'apparence de normalité car cette anarchie est promue par le gouvernement.

Tout çA pour dire que l'homme n'est pas éloigné du pire et que le meilleur vernis civilisationnel peut craqueler pour faire sortir les pires instincts-
Homo lupus homini.
This post is about Hu Jie, a chinese cineast whose latest movie is about the cruels crime of the Chinese Cultural Revolution. I speak about the murder of a schoolteacher and provisor, beaten to death by her own students. Actually, those girls went directly from a "normal" behaviour, from the boredom of the classroom to the savage cruelty, order being reversed, students beating teacher. This actually doesn't come from perturbed minds by civil war, but was motivated by Mao : the governement was at the origin of that anarchy that lasted 10 years.

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