lundi 1 décembre 2008

politika : thaksin et cie

Quand on y réfléchit bien, la vie est curieuse :

en Thaïlande, la plupart des chemises jaunes sont des middle class ou des intellectuels royalistes qui se révoltent contre la démocratie : et oui, ils reprochent au premier ministre corrompu d'acheter des voix auprès de la plèbe (les chemises rouges) et revendiquent un système de vote plus élitiste (et non plus fondé sur le système : "un homme, une voix".)
La couverture des médias occidentaux occultent complètement ce système de pensée, en les mettant en valeur contre le méchant corrompu premier ministre Thaksin (pourtant légitimement et démocratiquement élu). Donc en fait, les Thaïlandais ne veulent pas d'un système où les plus pauvres ont droit au chapitre, car ils les soupçonnent de vendre leur voix au plus offrant.

Avant de s'en outrer, il faut se rappeler que même la Révolution française fonctionnait sur le même système : pour être citoyen, il fallait être propriétaire, car les prolétaires (comme l'étymologie le rappelle : "proles"=descendance, c'est-à-dire ceux qui n'ont que leur livre comme richesse) n'avaient rien à perdre (aucune propriété) ne pouvaient être pris au sérieux, on ne pouvait pas leur faire confiance. La troisième république est passée par là et a ripoliné l'héritage de la Révolution française, qui est demeurée une révolution bourgeoise jusqu'au bout.

Donc, le journaliste français qui dépeint la crise thaïlandaise comme "la révolution française" (en pensant le peuple s'unit contre la tyrannie) a bouclé la boucle (ce qui lorsqu'on parle de révolution, est bien commode) en parlant en fait de la prise de conscience de la bourgeoise d'être menacée par la masse des petites gens. [comme quoi l'Histoire est toujours remodelable à souhait].

A part ça le Lashkar-a-Taiba a réussi un joli coup : dix personnes pour dézinguer 200 personnes ! Encore une fois, il faut relever que les morts n'ont décidément pas la même importance : cela fait plus d'une année qu'une série d'attentats ensanglante l'Inde, sans avoir le moindre poids en Occident (à part quelques articles). Il faut que des Occidentaux périssent pour que le monde s'affole.

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